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Christophe Barbier, le comédien

Christophe Barbier, le comédien

Ce n’était pas le journaliste politique, mais le comédien que Christiane Degrain avait invité au Mardi du Flore du 7 février : Christophe Barbier nous a fait la surprise d’un florilège théâtral en première partie de la soirée, en habit de marquis.

Beau cadeau de la part d’un journaliste passionné et amoureux de la comédie, qui met en valeur les femmes avant-gardistes dans le milieu du théâtre dans son « Dictionnaire amoureux du théâtre ».

Il nous parle des directrices de théâtre et des actrices :

Adrienne Lecouvreur qui entre à la Comédie-Française après avoir appris le métier dans la rue. Acclamée quand elle joue Corneille, Crébillon et Voltaire, elle meurt à 38 ans, empoisonnée par sa rivale dans le cœur du Comte de Saxe, un soir où elle jouait Phèdre.

Rachel, une des plus belles figures de cette époque : une enfant de la balle que son père fait chanter des couplets à boire dans les cabarets et dans la rue, dès l’âge de 6 ans ! Entrée au Français à 17 ans, elle triomphe dans Phèdre à 21 ans et est applaudie à Varsovie, Munich et Moscou. Grande amoureuse, elle répond au billet du comte de Joinville venu l’applaudir : « Où ? Quand ? Combien ? » par : « Chez moi. Ce soir. Pour rien ». Elle aussi meurt à 38 ans à peine,  d’une pneumonie.

Sarah Bernhardt, affranchie de sa condition de femme, féministe avant que ce mot n’éveille les consciences, elle aime à jouer les hommes. Elle passe du Théâtre-Français à l’Odéon pour revenir à la Comédie-Française avant d’en claquer la porte, préférant payer pour sa rupture de contrat plutôt que d’aliéner sa liberté. On lui doit les théâtres de la Porte Saint-Martin, de la Renaissance et des Nations qui deviendra le Théâtre Sarah Bernhardt.

Christophe Barbier se raconte, il nous raconte le choix cornélien entre ses deux passions, à ses 17 ans : le journalisme et le théâtre. Difficile d’être comédien professionnel et journaliste amateur, d’autant qu’il estime n’avoir pas les qualités d’un acteur professionnel : la ténacité face aux difficultés économiques et l’abnégation pour jouer 400 fois une même pièce. Il cite Louis Jouvet : « être acteur, c’est un renoncement de soi pour être tous ces personnages ». Il a donc choisi le journalisme politique comme métier, là où il suit l’Histoire en train de se faire, et le théâtre pour le plaisir. Il vit ses deux passions en parallèle depuis 33 ans. « On n’a qu’une vie, il faut essayer d’en vivre plusieurs à la fois »

Politique, journalisme et théâtre ne sont pas si éloignés finalement… Faire du théâtre est utile à la télévision !

Christophe Barbier cite Freud pour qui un homme ou une femme en bonne santé, c’est quelqu’un qui travaille et qui aime. Il ajoute : qui crée.  La création, c’est la construction par le travail et la répétition mais aussi le plaisir de quelque chose d’éphémère, qu’on peut réaliser tranquillement chez soi : du piano, du sport, de la cuisine… Ephémère qui ne laissera comme trace qu’un souvenir de passion mais qui donne un sentiment de plénitude.

Après avoir répondu aux questions du public sous le charme, Christophe Barbier a dédicacé son dictionnaire. Comment ne pas tomber amoureux du théâtre en lisant le « Dictionnaire amoureux du théâtre » ?

Soumeya Benabderrhamane